Les Dryades

Introduction :

Ce chapitre du site Theudricus va aborder la croyance très ancienne, voire la présence supposée ou avérée, selon les vieilles superstitions paysannes, d'entités féeriques immémoriales connues sous le nom de Dryades, rencontrées en autre dans les Forêts de l'Orléanais ou bien dans la très sauvage Sologne.

D'autres créatures mythologiques ou réelles, hantant les bois et les forêts, telles les hamadryades, les ents ou les huorens seront également mentionnées dans ce châpitre.

La Forêt d'Orléans.
La Forêt d'Orléans.


Les Dryades :

Les Dryades dans la mythologie Indo-Européenne étaient des Esprits féminins de la Nature équivalents au Naïades et autres Nymphes locales de l'Antiquité classique.

Un tel Esprit est, par essence, la personnification d'un aspect du monde naturel et chaque branche de la mythologie Aryenne en regorge d'exemples. Dames de l'Aurore, Dames des nuages, Dames des fontaines, Dames des arbres et d'autres sont présentes en abondance, et sous des noms divers, dans les légendes de tous les peules Indo-Européens.

En particulier, les peuples Celtes, dotés d'une imagination mystique, ont élaboré un des panthéons féeriques les plus remarquable et les plus élaborés en particulier dans la mythique Forêt des Carnutes, située au coeur du Monde celtique.

De fait les Dryades sont au mode de la Forêt, ce que sont les Sylphes à l'élément aérien, les gnomes à la Terre, les ondines au monde Marin et les Salamandre au Monde Igné.

Dans la mythologie Grecque, les Dryades sont, à l'origine, trois nymphes, des déesses mineures liées aux chênes en particulier, et aux arbres en général. Le nom de Dryades fut plus tard utilisé pour désigner les figures divines présidant au culte des arbres et de la forêt. Elles sont généralement considérées comme des créatures discrètes et se dévoilant rarement aux humains.

La croyance des peuples Gréco-romains en l'existence réelle de divinités forestières aurait eu, entre autres, pour fonction de les empêcher de détruire les forêts car pour couper les arbres, il leur fallait d'abord consulter les ministres de la religion et obtenir d'eux l'assurance que les Dryades avaient abandonné la forêt qu'ils comptaient couper. Mais cette explication est trop rationnel pour rendre compte du fait que les Dryades étaient respectées et vénérées par le peuple des paysans et des forestiers.

Pour les peuples Celtes et Germains, la Forêt était simplement leur Temple de la Nature dont les Dryades étaient les Esprits protecteurs. Ces créatures étaient bienveillantes et protégeaient l'environnement forestier des peuples et tribus Celtes et Germains.

Sans qu'il y ait de preuves formelles, on peut néanmoins supposer que les dryades étaient associé au dien Celte Cernunnos qui incarnait le cycle biologique de la nature, la germination et le dépérissement. L'image du cerf, l'animal qui symbolise Cernunnos le relie de manière certaine au monde des Forêts sauvages.

Une analogie avec le monde Grec décrivant la Nature sauvage permettrait de comparer l'association Celte Cernunnos et Dryades avec Pan et les Nymphes.

Plus tardivement, en Europe de l'Ouest christianisée, ces créatures forestières furent vénérées par de confréries occultes telle la Charbonnerie.

Origine & Étymologie :

Le mot Dryades est issu d'un ancien idiome Aryen ancien druádes, de drus, qui signifie "chêne".

Selon certains auteurs, les racines Indo-européenne drew et grecque drûs, équivalentes de l'allemand treu, signifiaient à l'origine "ce qui est solide ou ferme" et furent ensuite utilisées pour désigner l'arbre et en particulier le chêne.

Cette racine a non seulement donné naissance au mot Dryades, mais aussi à une série de termes exprimant la confiance et la fidélité comme trauen et trust dans les langues ANglo-Saxonnes, , mais aussi au mot Druide, associés aux vocables du chêne dans différentes langues Gaëliques (Gaulois dervo, irlandais daur, dar, gallois derw, breton derv).

Les Dryades du monde Héllène étaient originaires d'un arbre appelé Arbre des Hespérides. Certaines d'entre elles étant les protectrice du fameux Jardin des Hespérides et de ses pommes d'or.



Dryades de la Forêt des Carnutes.

Dryades de la Forêt des Carnutes.





Les Dryades n'étaient pas immortelles, mais pouvaient vivre très longtemps. Parmi les plus connues, on trouve notamment Eurydice, la femme d'Orphée. La tradition tardive fera la distinction entre les Dryades et les Hamadryades, ces dernières se voyant attachées spécifiquement à un arbre, alors que les premières erraient librement dans les forêts. (Cf : Infra)

Le poète Ovide raconte dans ses Métamorphoses qu'un homme nommé Érysichthon devint complètement fou et sacrilège. Il s'attaqua à un chêne de Cérès, déesse de la Nature, de l'agriculture, des moissons et de la fécondité, à la hache alors que les Dryades dansaient autour : "Là s'élevait un chêne immense, au tronc séculaire,entouré de bandelettes, de tablettes commémoratives et de guirlandes, témoignages de vœux satisfaits. À son ombre, les Dryades menèrent leurs danses joyeuses, souvent aussi les mains entrelacées, elles se rangèrent en cercle autour du tronc et il leur fallait quinze brasses pour avoir la mesure de sa masse énorme.".

Lorsque Érysichthon frappa l'arbre avec son arme, "à peine la main sacrilège a-t-elle fait une blessure dans le tronc que l'écorce fendue laisse échapper du sang ; ainsi quand un énorme taureau choisi pour victime s'est abattu devant les autels, le sang jaillit de son cou déchiré.". Un témoin de la scène tente de l'arrêter mais Érysichton lui tranche la tête avec sa hache. La déesse Cérès le châtie en envoyant la Faim le visiter dans son sommeil, si bien que, après avoir dévoré toutes ses possessions, Érysichthon se mit à se dévorer lui-même.

Selon certains auteurs, les Dryades appartiennent à la famille des dames blanches et sont généralement dépeintes comme étant douces et bienveillantes, elles aident ainsi les voyageurs perdus à retrouver leur chemin, donnent à manger aux bergers, jouent avec les enfants perdus dans les bois et s'occupaient des chevaux à l'écurie. Cependant, certaines d'entre elles sont réputées pour pousser les voyageurs au bord des précipices.

Apparence et représentation des Dryades :

De manière classique, les Dryades ont l'apparence de très belles jeunes filles et incarnent la force végétative des forêts dans lesquelles elles peuvent errer en liberté nuit et jour.

Dépeintes comme les divinités mineures protectrices des forêts et des bois, elles étaient aussi fortes et robustes que fraîches et légères et formaient des chœurs de danse autour des chênes qui leur étaient consacrés. Elles pouvaient survivre aux arbres placés sous leur protection car contrairement aux Hamadryades, elles n'étaient pas liées à un arbre en particulier.

Ces nymphes étaient représentées dans l'art sous forme de femmes dont la partie inférieure du corps se terminait par une sorte d'arabesque dont les contours allongés figuraient un tronc et les racines d'un arbre. La partie supérieure du corps était nue et simplement ombragée par une chevelure abondante flottant sur les épaules de la nymphe, au gré des vents.

La tête portait souvent une couronne en feuilles de chêne et elles tenaient parfois des branches d'arbres portant leurs feuilles et leurs fruits. En tant que gardiennes des forêts, les nymphes étaient parfois représentées avec une hache entre leurs mains, afin de punir ceux qui s'attaquaient aux arbres dont elles avaient la garde3. D'autres représentations de Dryades vêtues d'une étoffe vert foncé, avec des chaussures en écorce d'arbre, existent.



Dryade au Bois de Cerf

Dryade au Bois de Cerf



Les Nymphes Epigées :

Les Dryades appartiennent au Peuple enchanté des Forêts Indo-Européennes. D'autres être féeriques telles les Méliades et les Hamadryades font également partie de ce Peuple.

D'autres nymphes forestières existent également, telles les Alséides, nymphes des sous-bois, les Auroliades, nymphes des bosquets, les Limoniades, nymphes des fleurs.

Toutes ces nymphes font parties des Nymphes terrestres : les Nymphes Eipées du Grec Epi=sur et Gé= la Terre.

Les Dryades ne doivent pas être confondues avec les Bacchantes. A l'origine, les Bacchantes étaient furent les nymphes nourrices de Dionysos Bacchos qui le suivirent à la conquête des Indes.

Par la suite, les Baccantes denommèrent des femmes qui célébraient les Mystères de Dionysos-Bacchos Pendant leur manifestations orgiaques, Celles-ci curaient çà et là, échevelées, à demi nues ou couvertes de peaux de tigres, la tête couronnée de lierre, le thyrse à la main, dansant et remplissant l'air de cris discordants.



Les Méliades :

Les Méliades étaient des nymphes qui habitaient les bois ou les bosquets de frênes (en grec ancien melia le frêne). Elles protégeaient plus particulièrement les enfants qui étaient parfois abandonnés ou suspendus aux branches des arbres à cause de leur naissance non désirée, mais d'autres mythologues considèrent les Méliades (ou épimélides) comme des nymphes dévolues aux soins des troupeaux. Leur mère était la fille de l'Océan, Mélie, qui fut aimée d'Apollon dont elle eut également deux fils, Térénus et le devin Isménos.

Selon Hésiode, les Méliades, tout comme les Géants, et les Erinyes.elles furent engendrées par Gaïa (La Terre), fécondée par les gouttes de sang des organes génitaux tranchés d’Ouranos (le Ciel).

Il est tentant de rapproché le Méliades, étroitement liée au frêne, arbre sacré des Celtes et des germains, du frêne mythique de la mythologie Germanique et Sacandinave : Yggdrasil.

Yggdrasil ou Yggdrasill est l'Arbre du Monde l'Axis Mundi dans la mythologie nordique. Son nom signifie littéralement "destrier du Redoutable", le Redoutable (Ygg) désignant le dieu Odin.

Sur lui reposent les neuf royaumes :

Yggdrasil est représenté comme un immense frêne avec trois racines reliant trois mondes différents (Ásgard, Midgard et Niflheim).



Yggdrasil Axis Mundi

Yggdrasil Axis Mundi.





La première racine provient de la source de Hvergelmir, située en Niflheim. Un dragon, Nídhögg, garde jalousement cette source et ronge la racine.

La deuxième naît dans la fontaine de Mímir, située en Jötunheim. Cette fontaine est censée contenir la source de toute sagesse. Elle est gardée par un géant et abrite la tête du dieu Mímir qui détient les secrets de l'univers.

Enfin, la troisième racine provient du puits d'Urd, en Asgard, lequel puits est gardé par trois Nornes, de vieilles sorcières très sages et craintes par les dieux, car tissant la destinée, à laquelle même les dieux sont soumis.

Les Méliades sont donc tutélairement, les nymphes protectrices de l'Arbre du Monde. Il est imporatnt de noter que les Méliades étaient également le accompagnatrices des Géants. Et que pour les Grecs, c'est le Frêne qui engendre la race de bronze, fille des Frênes, terrible et puissante.

Ces rapports étroits en Frêne, Race de Bronze, Géants et Yggdrasil montrent l'importance du rôle des Méliades dans le mythologie Aryenne.

Les Hamadryades:

Les Hamadryades, contrairement aux Dryades, étaient attachées spécifiquement à un arbre et mouraient avec lui s'il était abattu.

Le fameux philosophe Grec Athénée, prétend que tout le peuple de ces nymphes agrestes descendrait d'Hamadryas, fille d'Orios, et épouse d'Oxyle, dont elle a huit enfants : Carya (le noyer). Balanos (le palmier), Cranion (le cornouiller), Orea (le hêtre), OEgire (le peuplier), Ptéléa (l'orme), Àmpelos (la vigne), Syké (le figuier).



Hamadryade.

Hamadryade.



Les Ents

Il peut être aussi judicieux de rapprocher les Dryades, d'un autre peuple forestier mythique : Les Ents.

Les Ents, nommés également Onodrim ou Enyd en Gris-Elfique), sont des êtres de l'univers de la Terre du Milieu décrit par l'écrivain britannique John. R. R. Tolkien.

Ces créatures sont les Esprits de la forêt, à l'apparence d'arbres qui font probablement partie des peuples les plus anciens de la Terre du Milieu.

Tous comme les Dryades, les Ents ont pour rôle de protéger les forêts de toute agression du milieu végétal. L'aspect des Ents peut varier de manière considérable selon l'essence d'arbre à laquelle ils s'identifient. On peut néanmoins observer certaines constantes physiques, telles que la peau pareille à de l'écorce, et la barbe ou la chevelure semblables à des rameaux de branches broussailleuses.

D'autres créatures sembables aux Onodrim, les Huorns sont des Ents qui sont presque retournés à l'état sauvage c'est à dire à l'état d'arbres, quant à l'aspect au moins. Ils restent observateurs, silencieux, guettant ce qui se passe tout autour d'eux. Ils sont très nombreux. Il est parfois difficile de les voir bouger, mais ils peuvent le faire très rapidement, et s'entourer d'ombres ou de brumes s'ils le désirent.

Les Huorns peuvent communiquer avec les Ents. Ils sont méfiants, sauvages, contrairement aux Dryades, peuvent se révéler très dangereux.



n Ent de le terre du Milieu.

Un Ent de le terre du Milieu.



Enfin nous terminerons ce chapître, par une élégie de Pierre de RONSARD (1524 - 1585), plaidoyer sincère et émouvant sur le sort de nos forêts immémoriales :

Contre les bucherons de la forest de Gastine.

Quiconque aura premier la main embesongnée
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :
Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,
Et se devore après par les dents de la guerre.

Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,
Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests
Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme
Tout son bien à payer la principale somme.

Que tousjours sans repos ne face en son cerveau
Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,
Porté d'impatience et de fureur diverse,
Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.

Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.

Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,
Où premier j'accorday les langues de ma lyre,
Où premier j'entendi les fleches resonner
D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :
Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jetta,
Et de son propre laict Euterpe m'allaita.

Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,
De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le desdain des passans alterez,
Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre
Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin perira,
Et qu'en changeant de forme une autre vestira :
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cyme d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matiere demeure, et la forme se perd.








Bibliographie :